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Maxime Pistorio, président du jury 2024 : "L'art ne devrait pas être une compétition"

Dernière mise à jour : 12 mars



Maxime Pistorio, président du jury 2024, a répondu à nos questions. En attendant de le croiser à Orry-la-Ville dans quelques jours, découvrez d'où lui vient sa passion du cinéma et comment il voit notre festival.


Parlez-nous d’un court-métrage que vous aimez !

C’est un film ludique, divertissant et comique, qui donne à voir la réalité du monde avec une lucidité renversante. C’est un film qui mélange le documentaire et la fiction, et c’est un montage d’une créativité époustouflante. J’encourage la terre entière à le regarder.


Quel long-métrage auriez-vous aimé écrire ?

Souvent, je réponds « Zelig » de Woody Allen, car c’est un film de pure jubilation, où l’imagination est toute-puissante. Je pourrais aussi citer « Alice », de ce même Woody : une jolie fable, où la magie dirige le récit et construit le portrait plein de poésie d’une femme qui souhaite changer de vie. Comme vous le voyez, j’aime la comédie et la poésie…


Quel long-métrage auriez-vous aimé réaliser ?

« Fanny & Alexandre », d’Ingmar Bergman : rarement un film m’a autant donné l’impression de voir ma propre vie à l’écran. Je trouve que le regard que Bergman porte sur l’enfance est très universel.

Il y a aussi « La garçonnière » de Billy Wilder, que j’adore. J’aimerais tellement avoir un scénario comme celui-là entre les mains pour le mettre en scène.


Quels longs-métrages vous fascinent ?


Parlez-nous d’une scène de cinéma chère à votre cœur !

Toute la première partie de « Toto le héros » de Jaco Van Dormael.

De façon générale, j’aime souvent les films qui utilisent un narrateur (Barry Lindon, American Beauty…) Dans le début de ce film, comme dans « L’île aux fleurs » (le court-métrage dont je parlais plus haut), le montage suit complètement la narration et nous emmène dans une construction imaginaire créative et émouvante.


Quel est votre act•eur•rice préféré•e ?

Jean-Pierre Bacri, dans « Le goût des autres » d’Agnès Jaoui, un film que j’aime infiniment. Je suis tellement triste qu’il soit mort. Ce film regorge de scènes merveilleuses, mais il y a un moment précis qui me bouleverse. Son personnage est amoureux de sa prof d’anglais, et il comprend que ce n’est pas réciproque. Il rentre chez lui malheureux, et cherche le réconfort dans les bras… de son épouse. Cet homme n’est ni bon ni mauvais, il est humain, et nous nous reconnaissons tous dans ses contradictions, ses faiblesses…


Quels cinéastes influencent votre style, votre approche ?

Il y en a tellement… En voici quelques uns, mais c’est injuste envers les autres !

Stanley Kubrick en tant qu’idéal.

Agnès Jaoui pour son regard sur les humains, où la tendresse et la cruauté cohabitent sans que cela paraisse contradictoire.

Jacques Tati pour son rapport ludique avec la mise en scène et la prise de vue.

Woody Allen pour sa vivacité d’écriture, son sens du dialogue et de la jubilation.

Billy Wilder pour sa précision, son savoir-faire, sa maîtrise de la comédie.


D'où vient votre passion du cinéma ?

J’avais douze ans et j’ai joué dans un court-métrage qui s’appelait « Les pièces à trous », de Pierrot De Heusch. J’avais un rôle important et je jouais dans toutes les scènes, alors j’ai eu le temps d’observer les métiers autour de moi. Le jour de la projection, j’ai eu un choc en comprenant comment le montage, en créant une continuité narrative, composait une réalité toute autre que ce que j’avais vécu sur le plateau. À l’époque j’hésitais entre le métier d’acteur, écrivain, saxophoniste et dessinateur de BD. J’ai pensé que devenir réalisateur me permettrait de ne renoncer à aucune de ces passions.


Comment avez-vous connu Orry Film Festival ?

Mon dernier court-métrage, « Green-Fit », a été sélectionné à Orry Film Festival l’année dernière, et ce fut une expérience très joyeuse pour moi. D’une part, j’ai trouvé que le travail des sélectionneurs était très pointu, d’autre part j’ai passé un excellent moment lors de la rencontre avec le public, qui avait si bien réagi à mon film.


Merci d'avoir accepté d'en être le président du jury. Avez-vous déjà été président d'un jury ?

C’est la première fois que l’on me donne ce titre de président, mais j’ai déjà pas mal d’expérience en la matière. J’ai créé un festival de clips, à Bruxelles, qui s’appelle VKRS, et j’en assure la direction artistique. Chaque année, je supervise la délibération du jury, et cela m’a permis de mettre au point une méthode de travail que je compte utiliser à Orry Film Festival. Il m’arrive fréquemment d’être sollicité comme jury dans des écoles de cinéma, et j’ai aussi pris part à des commissions qui attribuent des financements à des projets de clips.


Quels critères mettrez-vous en avant dans votre choix ? Avez-vous des critères très techniques, ou plutôt au feeling, spontanés ?

J’ai une philosophie très claire : je pense que l’art ne devrait pas être une compétition. Presque tous les festivals et manifestations artistiques se structurent autour d’une compétition, à l’issue de laquelle on annonce qu’une œuvre est meilleure que les autres. On désigne un « gagnant »… et, implicitement, tous les autres deviennent des « perdants ». Je voudrais proposer une autre approche, qui permettrait au jury d’exprimer humblement un coup de cœur tout à fait subjectif, sans opposer les films.

Ça n’a l’air de rien, mais je crois que cet état des choses synthétise à peu près tout ce qui ne va pas dans le monde. Ce penchant naturel pour la compétition fait partie de notre culture, il est incontournable : Césars, Palmes, The Voice, Jeux Olympiques… Quant à moi, je suis pour une culture « hors-compétition ». Je suis persuadé que la fiction est un excellent point de départ pour proposer un autre imaginaire, et que cela aurait des conséquences positives sur le commerce, la politique, la paix, l’écologie…


Pensez-vous que Orry Film Festival puisse susciter des vocations ou être un tremplin parmi les collégiens qui y participent ?

Absolument. La façon la plus efficace de nourrir sa passion est de voir plein de films, de se retrousser les manches et d’en faire soi-même !


Quel serait votre conseil pour les collégiens qui souhaiteraient se lancer dans le cinéma ?

De cultiver autant leur naïveté que leur persévérance, car il y a un lien secret entre les deux.

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